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Un gouvernement en retrait face aux mobilisations de sa police

Radio GI·NE 13 décembre 2019


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Les policiers s’organisent contre la nouvelle réforme des retraites

Mercredi 11 décembre, 12h, hôtel de police de Montpellier. A l’heure précise où le premier ministre Edouard Philippe fait son allocution sur la nouvelle réforme des retraites, des policiers se réunissent devant les commissariats afin de revendiquer le maintien de leur régime qu’ils appellent “particulier”en réfutant qu’il s’agit d’un régime spécial. Ce jour-là, en plus des divers rassemblements, les trois syndicats mobilisés (Alliance, Unsa-Police, Unité SGP-Police FO) réussissent à faire monter une certaine pression : menaces de « bloquer le système » de la part d’Yves Lefebvre, secrétaire général d’Unité SGP-Police FO, renforcement du code 562 (code correspondant aux dossiers mis en attente), sorties uniquement sur appel au 17, grève du zèle dans les aéroports et aux frontières terrestres…

Interrogé lors de ce rassemblement policier, Yann Bastière, Délégué Régional d’Unité SGP-Police FO, évoque d’autres aspects des raisons de la mobilisation. Il dénonce le manque de protection et de reconnaissance de la part du ministre de tutelle et réclame une protection du régime de retraite, mais aussi des policiers eux-mêmes et de leur famille qui subissent, selon lui, des pressions et menaces directes. Il évoque également le manque de considération envers les travailleurs de nuit,  qui ne touchent que 97 centimes brut d’indemnité horaire de travail de nuit (majoration inclue). Il rappelle enfin le malaise que subit la police depuis les attentats de 2015, malaise renforcé par le mouvement des Gilets jaunes et les relations compliquées avec le Ministère de l’Intérieur.

Montpellier, Hôtel de Police, mercredi 11 décembre

Dès le lendemain, une réunion est organisée place Beauvau

L’intersyndicale a obtenu gain de cause. Jeudi 12 décembre, à l’issue d’une réunion avec le Ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, et le Haut-Commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, elle obtient la promesse orale que l’ensemble du corps policier (et non pas seulement les policiers qui sont sur le terrain) gardent leur « statut spécial ». Le policier « bénéficiera des avantages des régimes particuliers : possibilité d’ouverture des droits à 52 ans, un départ à la retraite à 57 ans et la bonification du 5ème qui sera maintenue par une surcotisation de l’employeur, le Ministère de l’Intérieur » a ainsi déclaré Yves Lefebvre. Ce qui réduit la cotisation à 37 années au lieu de 42.

En attendant l’officialisation de cette promesse par courrier ce samedi 14 décembre, les secrétaires généraux des trois syndicats ont appelé à la « suspension » de leur mouvement de mobilisation.

Si cette promesse se confirme et s’officialise, elle risque de renforcer la colère de celles et ceux qui se mobilisent depuis le 5 décembre contre ce régime « universel » des retraites. Pour cette première manifestation, près d’un million de manifestants ont montré leur opposition à un changement profond du modèle de solidarité à l’égard des personnes les plus âgées. Ce nombre, est bien plus fort que les premières mobilisations contre les réformes des retraites de 1995, 2003 et 2010.

Cette souplesse accordée en 24 heures aux syndicats policiers constitue une manœuvre très risquée du gouvernement. Elle pourrait être perçue comme une provocation face à la dénonciation des régimes dits « spéciaux » dont il s’est amplement servi pour prétexter l’impériosité de sa réforme.

La prochaine manifestation interprofessionnelle est prévue pour le mardi 17 décembre. Suite à l’allocution du Premier Ministre, la CFDT et la CFTC, ont décidé de se joindre à cette journée de mobilisation.

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