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Marches pour le climat : Quelle convergence ? Quels combats ?

Radio GI·NE 22 septembre 2019 1


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Place de la Comédie, Montpellier, vendredi 20 septembre 2019. © Photo Radio Gi·ne

Ce vendredi 20 septembre 2019 pourra être considéré comme une journée historique par ceux qui se soucient encore des mobilisations populaires. Selon le mouvement Sunrise et l’ONG 350.org, cités par les sites d’information Mediapart et Le Monde, quatre millions de personnes, essentiellement des jeunes, se sont mobilisées sur tous les continents pour protester contre les décisions politiques et économiques qui mènent notre planète à la catastrophe. Ces très nombreuses manifestations pour le climat ont voulu marquer les esprits en se plaçant à la hauteur d’une économie capitaliste qui elle non plus ne connaît pas les frontières. Le pari est gagné sur le plan symbolique. Mais le travail reste encore considérable sur le plan des réalités. Les sonnettes d’alarmes ont été tirées de toute part, et ce depuis fort longtemps, par de très nombreuses associations et ONG qui fondent leur état d’alerte sur des rapports scientifiques connus par tous les gouvernements. Le fait est que ces rapports semblent être totalement ignorés. Ou, pour reprendre les “éléments de langage” des élus, ces rapports, parfois qualifiés d’alarmistes, font face à des réalités économiques qui ne peuvent passer au second plan. Sous prétexte de “réalisme” économique, “l’alarmisme” écologique doit attendre.

C’est bien qu’un problème demeure. Peut-être tout simplement que les choix économiques ne sont pas les bons, et qu’il faut radicalement s’éloigner des modèles suivis jusqu’ici. C’est par exemple ce qu’appellent de leur vœux de nombreux paysans qui ne veulent plus obéir au seul rendement en continuant à polluer l’environnement avec des pesticides qu’ils sont obligés d’utiliser, faute d’une règlementation équitable pour tous. En ce mois de septembre (écouter notre live du 7 septembre), Radio Gi·ne recevait encore une représentante du MODEF (MOuvement de Défense des Exploitants Familiaux), elle-même vigneronne, qui expliquait cette lutte politique que mènent de nombreux paysans pour pouvoir vivre de leur travail en cessant de détruire la planète. Même son de cloche au sein de la Confédération Paysanne qui est en accord total avec ce propos. En ce sens, ces syndicats cherchent à se faire entendre et à trouver des points de convergence avec des Gilets Jaunes qui clament eux aussi haut et fort ce discours. Cet été, des paysans sont ainsi venus rencontrer les Gilets Jaunes du rond-point des Prés d’Arènes à Montpellier pour proposer un débat public. Débat que nous avons enregistré, et que vous pouvez également écouter sur notre site.

Avenue Foch, Montpellier, vendredi 20 septembre 2019. © Photo Radio Gi·ne

Ces 20 et 21 septembre 2019, la convergence entre les mouvements pour le climat et les Gilets Jaunes se fait également sentir très clairement. Partout en France, cette convergence a été relayée par la presse généraliste qui en fait largement le constat. À Montpellier, les associations qui ont marché pour le climat ont explicitement invité les Gilets Jaunes à les rejoindre. Par un courrier, la Commission Convergence (Convergence34) des Gilets Jaunes a répondu favorablement à cet appel et l’a fait savoir par voie de presse :

« Convergence34 est un groupe de Gilet Jaunes qui dès le début a souhaité que des contacts fraternels et des échanges puissent avoir lieu entre les Gilets Jaunes, les syndicalistes (les Gilets Rouges) et les mouvements écologistes. » (extrait du courrier de Convergence34 envoyé à la presse régionale).

Rue de Maguelone, Montpellier, vendredi 20 septembre 2019. © Photo Radio Gi·ne

Paysans, mouvements pour le climat, Gilets Jaunes… il semble que, peu à peu, des intérêts de lutte se dessinent. Alors que c’est sur les questions de justice sociale et fiscale (toujours d’actualité) que l’on attendait un point de rencontre, il semble que la question environnementale prenne le pas et réussisse à rassembler les manifestants dans la rue. Malgré le déploiement impressionnant de forces de l’ordre à Paris pour empêcher les manifestations de Gilets Jaunes, ce samedi 21 septembre aura sans doute été un moment de ralliement important. Ce qui n’est pas sans évoquer l’ironie de la situation, tant on se souvient des accusations qui pesaient sur les Gilets Jaunes lorsqu’ils protestaient, au mois de novembre 2018, contre la hausse des taxes sur le carburant. Depuis ce moment, les Gilets Jaunes n’ont cessé de rappeler dans leurs revendications toute l’urgence qu’ils ressentent à modifier drastiquement les règles en matière d’environnement. Leurs propos n’ont également cessé de souligner que les règles actuelles de l’économie ne sont pas compatibles avec un horizon écologique digne de ce nom.

Place de la Comédie, Montpellier, vendredi 20 septembre 2019. © Photo Radio Gi·ne

À Montpellier, la journée du vendredi 20 septembre a vu de nombreux jeunes partir des jardins du Peyrou pour rejoindre le parvis de l’Hôtel de Ville. Nous avons pu observer deux haltes notables sur ce trajet : la première sur la place de la Comédie où les manifestants sont restés un moment pour se faire entendre de leurs chants et de leur slogans ; la seconde devant le commissariat de police où les jeunes ont demandé la libération d’une de leur camarade qui avait été interpelée en fin de cortège et emmenée au poste… pour avoir semble-t-il griffonné quelque chose sur un poteau (plus d’information sur cette arrestation dès que nous en saurons davantage).

Parvis de l’Hôtel de Ville, Montpellier, vendredi 20 septembre 2019. © Photo Radio Gi·ne

Sous conseil des adultes qui encadraient cette marche, les jeunes ont repris leur trajet vers la mairie où ils ont annoncé qu’ils resteraient, jour et nuit, pendant une semaine. Ainsi, au-delà de cette seule journée mondiale du 20 septembre, les mouvements pour le climat de Montpellier veulent marquer davantage les esprits. Musique et ateliers de sensibilisation sur l’environnement sont au programme pendant plusieurs jours. Également, une rencontre avec des représentants des listes pour les municipales de 2020 est prévue ce dimanche 22 septembre à 16h30. Une intervention sur la question des retraites devait également se dérouler ce samedi, mais a été annulée à cause de fortes intempéries. Malgré les pluies très intenses, les jeunes de Youth For Climate et de Extinction Rébellion sont restés, encadrés par des adultes, pour passer la nuit sur le parvis de l’hôtel de ville.

Parvis de l’Hôtel de Ville, Montpellier, vendredi 20 septembre 2019. © Photo Radio Gi·ne

Dans les jours qui viennent, les discussions risquent donc de se poursuivre. Au-delà de ce consensus sur la seule sauvegarde de la planète, des questions demeurent sur les options que souhaitent défendre les manifestants et sur les politiques qu’ils voudraient voir mener à l’avenir. Car si le mouvement pour le climat est beau dans l’intention qu’il brandit, les orientations pour parvenir à une planète plus propre restent entièrement à définir. La récente démission de Nicolas Hulot n’a fait que rappeler pour la énième fois la faiblesse systématique des moyens mis en œuvres par les politiques une fois qu’ils accèdent aux responsabilités. L’écart entre le discours et les actes est toujours si béant que rien ne laisse présager d’un avenir radieux pour l’écologie. Au sein du mouvement de ce vendredi 20 septembre, il est fort à parier que, derrière l’unité d’une marche mondiale, se cache une forte diversité d’opinions sur les projets politiques aptes à réaliser une lutte forte et efficace pour la protection de l’environnement. (écouter notre live du 4 juin 2019 : Planète Jeunes : quel climat pour demain ?).

Parvis de l’Hôtel de Ville, Montpellier, vendredi 20 septembre 2019. © Photo Radio Gi·ne

Faut-il voter ? Faut-il soutenir un parti politique qui parle d’écologie mais soutient des économies dévastatrices ? Faut-il exercer une désobéissance civile ? Faut-il encore s’abstraire des politiques existantes pour bâtir un monde en dehors des règles qui s’imposent à nous ? Face à une fragile convergence, un projet citoyen reste encore à construire. La jeunesse peut certes être un moteur très fort dans les mouvements sociaux, mais elle peut également n’être qu’un simple instrument de propagande, manipulé par des marionnettistes aux ambitions politiques à peine voilées. Elle ne peut être actrice si elle se contente de défendre le tri des déchets ménagers et refuse de s’éveiller à une pensée politique forte capable de remettre en question l’ordre économique et social qui structure la destruction même de la planète. (écouter notre live du 11 juin 2019 : Mouvements sociaux : entre révolte et désobéissance civile). Il ne suffit donc pas qu’elle marche une journée lorsqu’on l’appelle d’un claquement de doigts pour lui demander ensuite de laisser faire les “grands”. Mais qu’elle s’engage durablement dans un combat qui révolutionne véritablement nos modes de penser, d’être et d’agir. En ce sens, elle ne doit pas nécessairement s’allier avec ceux qui la demandent, mais avec ceux qu’elle choisit. C’est-à-dire qu’il lui faut impérativement résister et s’émanciper.

Place de la Comédie, Montpellier, vendredi 20 septembre 2019. © Photo Radio Gi·ne

Nous mettrons bientôt en ligne des interviews audio des acteurs du mouvement.

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Commentaires d’articles (1)
  1. Choukroun Marthe-héléne on 23 septembre 2019

    Un témoignage sur l’arrestation de la jeune fille lors de la manif du Vendredi YFC. Tout à la fin du cortège 2 motos de police suivait de prés la fin de la manif , nous marchions tranquille avec mon fils et ma petite fille en poussette (8mois) . devant nous un homme âgé de 30/35ans allure “prof” sort sur la droite vers une partie de la rue sens inverse de ttes façons bloqué par la manif 2/3 rangs plus loin même chose avec un autre homme même âge, même allure, en même temps et vers le mêmes point sur l’autre partie e la voie; Le premier fait un signe rapide un des motards derrière nous. Et, en une minute ils remontent 4/5rangs plus haut et reviennent avec une jeune fille soulevée par les aisselles de chaque coté , violemment en la trainant en courant vers une rue plus loin derrière, là, je réalise ce qui est en train de se passer écrie et nous sommes quelques uns Gilets jaunes et nous courrons derrière aux cris de pourquoi , quel délit . Dans cette petite rue tout paraissait préparé un vrai guet append… une voiture blanche de police au milieu de la rue portes ouvertes, je, nous leur crions mais qu’a t-elle fait, quel est son délit???(tout comme la manif précédente , cette voiture de police au milieu d’une petite rue qui prend feu et que les GJ arrêtent le feu… il en sort dans les médias que la violence à Montpellier la voiture ….) Là un des énergumènes en jean/ tee shirts s’efforçant de se faire passer comme prof… daigne nous répondre que l’inculpation et
    la maltraitance , le délit est qu’il a écrit, c’est à ne pas y croire, je leur fait remarquer que ce sont des collégiens, lycéens et qu’heureusement qu’ils écrivent et si écrire était un délit. il s’en contrefoutait . A la réclamation que nous lui faisons mais ou est son brassard qui sont ils , des mecs qui coincent une nana dans une rue . Sans aucune gène , tout permis il nous sort son brassard écrit police en rouge de sa poche en haussant les épaules, et avec une allure de “grand criminel, il lui écrase la tête pour qu’il, elle rentre dans la voiture et là un bataillon de policiers arrivent armer pour escorter la bagnole et nous impressionner.
    Ce n’est pas impressionné que j’étais c’était furieuse et terriblement triste de voir à quel point dans notre pays tous nos droits sont bafoués et le non respect, ni d’enfants, ni de vieux, ni de rien… En quelques minutes ils l’avaient entré au commissariat central tout prés de là comme par enchantement. Et là l’angoisse , de savoir le pourquoi; Ils l’ont relâché 2heures après. D’après les ressentis de la jeune interpellée; ceux qui l’ont interrogé n’avaient pas l’air de savoir; pourquoi elle était là… apparemment tout pour provoquer une violence devant leur commissariat mais les jeunes se sont assis stoïquement aux cris de libérer notre camarade et ont repris sur route vers la mairie.
    Seuls/es quelques amis de “l’inculpée” et des GJ ont attendu sa sortie.
    C’tait vraiment pleurer de l’injustice que nous vivons maintenant quotidiennement… Je suis parte en pleurânt

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