Contre la réforme des retraites : une unité de plus en plus affirmée.

51 jours de grève en France ! Cette réforme des retraites aura décidément touché un point sensible de la population française, à tel point qu’elle aura mobilisé des centaines de milliers de personnes sur une durée historiquement très longue. Surtout, elle aura montré au gouvernement et à Emmanuel Macron que la désunion populaire à laquelle ils s’emploient ne fonctionne pas si facilement. Les manifestations qui ont lieu depuis le 5 décembre ont en effet permis d’entendre les syndicats parler d’une seule voix ou presque, avec un message extrêmement clair : retrait total du projet !

Mieux encore, les Gilets Jaunes qui, depuis le 17 novembre 2018, manifestent de manière continue pour protester contre la politique ultra-libérale, anti-sociale et anti-écologique du gouvernement Edouard Philippe et du président qui l’a nommé, se voient de mieux en mieux intégrés et reconnus par des syndicats qui comprennent l’influence réelle qu’a constitué cette mobilisation depuis plus d’un an. La solidarité clairement affichée de l’intersyndicale contre la très violente répression qu’ont dû subir les Gilets Jaunes marque également une unité populaire plus forte encore, et amoindrit la légitimité du pouvoir que constitue la « macronie ».

La convergence, tranquillement, prend ainsi forme sous nos yeux et marque un moment essentiel de la lutte du peuple contre un projet gouvernemental qui déconstruit tous les droits des citoyens longuement acquis au cours du siècle dernier. Les robes noires, que l’on voit rarement dans les manifestations, réclamaient publiquement [jeudi 23 janvier, Place de la Comédie à Montpellier] ce que demandent les Gilets Jaunes depuis de longs mois : la sauvegarde d’un service public que le président Macron travaille méthodiquement à détruire depuis son accès au pouvoir.

Dans le cortège montpelliérain, un manifestant syndiqué dans l’enseignement insistait sur l’influence qu’avait pu avoir le mouvement des Gilets Jaunes sur cette mobilisation contre la réforme des retraites : « ce mouvement a permis de comprendre que l’on devait agir sur le long terme, et non plus seulement sur quelques journées isolées d’action. » Face à un gouvernement qui refuse radicalement de reconnaître un désaccord du peuple face à ces projets, les modes d’action des Gilets Jaunes ont en effet ouvert une nouvelle manière de lui dire non.

Reste que les défilés de contestation attendent encore dans leurs rangs davantage de jeunes, notamment les étudiants, pour parachever un spectre encore plus représentatif de la population. Le thème des retraites semble cependant moins mobilisateur pour cette jeunesse qui se projette peut-être d’abord dans le monde du travail plutôt que dans celui de la fin de carrière. Un travail reste peut-être encore à faire auprès d’eux afin de leur faire comprendre le lien direct qui existe entre ces deux moments de l’existence, notamment quand on sait que la précarisation du monde du travail a un impact direct sur les retraites elles-mêmes. Par ailleurs, il faut peut-être rappeler ici noir sur blanc le slogan inlassablement répété dans les manifestations : « les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, de cette société-là, on n’en veut pas ! »